Écoutez


Il m'a choisi. Il avait le choix, beaucoup de choix. Mais il m'a choisi, moi. Dans son infinie sagesse, Il a choisi celui qui serait le plus apte à propager son Message. À distribuer son Jugement. De cette tâche maintenant je m'investis en son Nom.


J'ai regardé autour de moi toute la matinée. J'ai regardé les gens, mes pairs, aller et venir, sans d'autre but apparent que de tuer le temps. Il fût un temps ou moi-même j'errais comme ces pauvres âmes, perdu, confus, sans aucune autre fonction que le meurtre des minutes, des heures, d'une vie. Un aller simple vers la mort, absent d'escales, durant lequel je n'ai jamais pris la peine d'observer le paysage. Mais c'était avant qu'Il ne s'adresse à moi...


...Avant qu'il ne me fasse part de Son Plan. Au début, Il chuchotait...

Psss! Écoute-moi!......

Je ne comprenais pas, je cherchais la source de ces chuchotements, en vain. Je croyais entendre le vent, dehors. Je n'étais pas prêt.


J'ai regardé autour de moi tout l'après-midi. J'ai regardé les gens, mes semblables, se diriger vers leur néant. Quelques-uns ont croisé mon regard et j'y ai lu du mépris. J'y ai lu une narquoise hilarité. Ils me trouvaient ridicule. Intérieurement, j'étais en furie. Ces incultes... et puis j'ai compris. Ce n'étaient que des jaloux. Jaloux de ma Vérité.


À un certain moment, j'ai douté de ma santé mentale. Je croyais entendre des choses que seul un fou pouvait entendre, et je tentais de bloquer mon esprit. Éventuellement, j'ai toutefois cesser d'attribuer ces messages au vent.

PSSSST! ÉCOUTE!

La Voix se faisait plus insistante, malgré mes efforts. Je ne pouvais pas la faire taire. 


J'ai regardé autour de moi toute la soirée et toute la nuit. J'ai regardé les gens, mes contemporains, n'être qu'insignifiants. Absurdes et pleins de rien du tout. Je les ai regardés me haïr et ai plaint leur surdité. Soit, me suis-je dit. Riez. Complaisez-vous dans votre hargne de qui est Vrai et Bon. Haïssez l'Élu. Haïssez ma Nomination.


La Voix m'indiquait le droit chemin et me confiait sa Divine Vengeance. Je n'étais pas fou, non. Seulement, il avait fallu qu'elle me prépare. Je suis maintenant prêt, et j'observe.


Je regarde autour de moi. Je regarde les gens, mes débiteurs. Certains pleurent, d'autres ne peuvent émettre aucun son. Qu'importe, ma tête est remplie de cris. Qu'ils fassent ce qu'ils veulent, c'est sans importance. Sans intérêt. J'ai une sentence à rendre. Un message à transmettre. Finies mes errances... et les leurs. Je pars pour un endroit où tout le monde peut Entendre, et ils viennent tous avec moi.

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