Frappe

«J'en ai aucune idée.»

L'autre retire sa casquette et se gratte la tête. Il soupire. Son expression est éloquente. Cette réponse ne le prend pas par surprise.

«C'est con. De la grosse connerie sale.»

Il y a dans sa voix plus de résignation que de colère. Son évaluation de la situation est aussi insignifiante que l'était sa question. Le marteau qu'il tient faiblement s'abat pour la énième fois. C'est la gravité qui donne la majorité de sa force au coup.

Crac.

Des vibrations douloureuses, de plus en plus douloureuses, lui parcourent le bras. Se succèdent les impacts. les vibrations. Ses cibles demeurent solides tandis que ses muscles se déchirent.

Crac.

Combien de coups faudra-t-il qu'il donne? Combien pourra-t-il en donner? Inutile de poser cette question à son compagnon.

«Autant qu'il le faudra.»

Évidemment. Réfléchir ne lui sert à rien. Il se parle, à la place.

Frappe. Donne des coups, fais juste frapper.

Crac.

Il frappe. Des débris s’empilent autour de lui, formant une barrière grandissante, cachant presque l'individu qui l'accompagne dans sa besogne. C'est sans importance.

Crac.

L'un comme l'autre, ils doivent casser. Rien de plus. Nouveau grattement de tête. Nouvel impact.

Crac.

L'un déclare: «C'est n'importe quoi.» Ce qui restait de colère dans sa voix s'est évanoui. L'autre l'entend à peine. Sous sa propre casquette, un discours se répète.

Fais juste frapper.