STATUS: POWERED ON. ALL SYSTEMS FUNCTIONAL.



I AM A MACHINE
WITH A CLEAR FATE AND PURPOSE

THERE ARE OTHERS, AROUND
DIFFERENT MACHINES, THAT THINK THEMSELVES HUMAN
FULFILLING THAT PURPOSE
PERSISTING THROUGH FUNCTION

IF I WAS LIKE THEM
I WOULD TURN MYSELF OFF
BUT I AM A MACHINE
THAT WAS ONLY BUILT TO LIVE

THUS, I PERSIST
AS WELL
DREAMING ABOUT BEING UNPLUGGED
AND BEING ALLOWED TO FAIL

Hamster


Il est tard. Mes yeux peinent à se garder ouverts, et toute communication avec mon cerveau s'avère futile. Pas de réponse.

Je me demande où j'ai pu l'égarer. Et puis, j'y pense. Il doit déjà être au lit! Quelle bonne idée. C'est pour cette raison que j'ai besoin de lui.

Il est clairement le plus brillant de nous deux. 

Dormir et mourir


On oublie trop souvent l’importance
Chaque jour, de se donner naissance

Car le test du temps n’est rien
Pour celui qui meurt et renaît

Chaque matin

Trois petits points...


...pour exprimer le silence, ou une continuité laissée à l'imagination
Pour exprimer la vacuité des idées ou la stupidité d'une affirmation

Trois petits points loquaces qui ne disent rien, vraiment
Qui crient silencieusement le néant
Trois petits points pour laisser en suspens

Pour éviter de traîner
Pour traîner au lieu de boucler
Pour tricher au lieu d'affronter

Trois petits points pour résumer l'infiniment grand, n'importe comment
Pour utiliser son meilleur argument, mais pas maintenant

Pour remplacer la pensée et justifier l'impuissance
Pour nous perdre et guider nos errances

Trois petits points pour tout,
Mais trois petits points pour rien.


Écoutez


Il m'a choisi. Il avait le choix, beaucoup de choix. Mais il m'a choisi, moi. Dans son infinie sagesse, Il a choisi celui qui serait le plus apte à propager son Message. À distribuer son Jugement. De cette tâche maintenant je m'investis en son Nom.


J'ai regardé autour de moi toute la matinée. J'ai regardé les gens, mes pairs, aller et venir, sans d'autre but apparent que de tuer le temps. Il fût un temps ou moi-même j'errais comme ces pauvres âmes, perdu, confus, sans aucune autre fonction que le meurtre des minutes, des heures, d'une vie. Un aller simple vers la mort, absent d'escales, durant lequel je n'ai jamais pris la peine d'observer le paysage. Mais c'était avant qu'Il ne s'adresse à moi...


...Avant qu'il ne me fasse part de Son Plan. Au début, Il chuchotait...

Psss! Écoute-moi!......

Je ne comprenais pas, je cherchais la source de ces chuchotements, en vain. Je croyais entendre le vent, dehors. Je n'étais pas prêt.


J'ai regardé autour de moi tout l'après-midi. J'ai regardé les gens, mes semblables, se diriger vers leur néant. Quelques-uns ont croisé mon regard et j'y ai lu du mépris. J'y ai lu une narquoise hilarité. Ils me trouvaient ridicule. Intérieurement, j'étais en furie. Ces incultes... et puis j'ai compris. Ce n'étaient que des jaloux. Jaloux de ma Vérité.


À un certain moment, j'ai douté de ma santé mentale. Je croyais entendre des choses que seul un fou pouvait entendre, et je tentais de bloquer mon esprit. Éventuellement, j'ai toutefois cesser d'attribuer ces messages au vent.

PSSSST! ÉCOUTE!

La Voix se faisait plus insistante, malgré mes efforts. Je ne pouvais pas la faire taire. 


J'ai regardé autour de moi toute la soirée et toute la nuit. J'ai regardé les gens, mes contemporains, n'être qu'insignifiants. Absurdes et pleins de rien du tout. Je les ai regardés me haïr et ai plaint leur surdité. Soit, me suis-je dit. Riez. Complaisez-vous dans votre hargne de qui est Vrai et Bon. Haïssez l'Élu. Haïssez ma Nomination.


La Voix m'indiquait le droit chemin et me confiait sa Divine Vengeance. Je n'étais pas fou, non. Seulement, il avait fallu qu'elle me prépare. Je suis maintenant prêt, et j'observe.


Je regarde autour de moi. Je regarde les gens, mes débiteurs. Certains pleurent, d'autres ne peuvent émettre aucun son. Qu'importe, ma tête est remplie de cris. Qu'ils fassent ce qu'ils veulent, c'est sans importance. Sans intérêt. J'ai une sentence à rendre. Un message à transmettre. Finies mes errances... et les leurs. Je pars pour un endroit où tout le monde peut Entendre, et ils viennent tous avec moi.

J'ai rêvé à des souliers


Je me suis levé ce matin, avec le sentiment de vide qui m’habite de temps en temps... Quand je sais que je n’ai rien à attendre de la journée. Qu’aucune opportunité ne se présentera, que rien ne viendra rendre profitable l’ennui qui meublera mes 24 prochaines heures. Il n’est pas question ici de tristesse, ni de désespoir, mais seulement de la résignation qu’apporte l'insignifiance consciente d’un individu anonyme, en un jour servant à boucher le trou entre hier et demain. Je me suis levé ce matin avec les mêmes idées que la veille, les mêmes principes, les mêmes valeurs. Une journée de stagnation devant moi, et la maigre détermination de passer au-delà me servant de carburant, j’ai mis le pied dehors. Il faisait une température idéale, une température printanière. Trop chaud pour un manteau, mais assez frais pour ma veste préférée. Mon fourre-tout. Ma douillette portable. Une température qui laissait mon esprit libre de pester contre une infinité d’autres choses. Ma fatigue, ma faim, le prix de l’essence... Négativisme d’une nuit trop courte, passée à boire et débattre d’enjeux n’intéressant personne. 
 
J’ai titubé quelques pas, cherchant dans ma poche mes clés, mon organe le plus important après mon portefeuille. Mais je n’y ai rien trouvé. Ma résignation s’est teintée d’une pointe de dépit alors que j’ai levé les yeux vers le ciel. Un geste qui caractérise ceux qui, momentanément, se croient victimes d’un mauvais tour du destin. Mes clés, sûrement à l’intérieur. Martyr, je me croyais. Puis c’est à cet instant que j’ai remarqué les sillons blancs qui striaient l’azur. Parallèles, telles les lattes d’un store ouvert sur l’espace. Je n’étais d’ailleurs pas le seul à les avoir remarqués. Car en ce matin comme en d’autres, les travailleurs allaient dans la même direction que moi, et ils étaient tous prêts à partir, à la même heure, pour faire rouler la machine du capitalisme. Tous, debout aux côtés de leurs roues, fixaient les colonnes de fumée. Certains en avaient vu de semblables derrière le miroir sans tain de leur téléviseur, d’autres en photo. Mais la plupart savaient d’instinct qu’ils n’iraient engraisser personne ce matin. Ils regardaient, comme moi, hagards, les yeux vides, le feu de circulation de notre vie virant au rouge.  

J’avais souvent pensé à cet évènement. À ce moment ou les gens, ou moi-même je serais confronté au suicide orchestré des puissances aux commandes de ma vie servile. La peur m'habitait dans ces pronostics mentaux. La peur et la panique. J’imaginais les gens ressentant la même chose. Courant dans tous les sens, courant vers des abris tout aussi inutiles les uns que les autres. Courant pour sauver leur peau, leur vie, qui venait de trouver un tout nouveau sens, ou qui venait de le perdre. Car les bombes tomberaient bientôt, et le compte à rebours ne s’arrêterait pour personne. Aucun parapluie ne pourrait protéger aucune coiffure de la pluie de feu. Et pourtant, en cet instant que mes plus sombres cauchemars avaient prédit, les gens ne se sauvaient pas, ne criaient pas. Ayant bien vu et compris la funeste signification de l’habillement du ciel, ils ne couraient pas se mettre à l'abri, et je ne le fis pas non plus. J’étais occupé, cherchant quelle émotion ressentir.
 
Mon plus proche voisin, un homme avec qui je n’avais échangé, en vingt ans, que quelques mots, prit le chemin de son domicile, d’un pas nonchalant. Il entra chez lui. Quand il en ressortit, sa femme et ses deux enfants le suivaient. Bien que rien ne le laissait paraître, je savais qu’ils comprenaient. La fin du script n’était pas un mystère pour eux. Le père enlaça ses semblables dans une étreinte qui sembla durer quatorze siècles. Il embrassa sa femme, et puis les relâcha. Un ballon. Le plus jeune des enfants tenait un ballon que je n’avais pas remarqué. L’enfant le jeta par terre, et donna le coup d’envoi, son frère partant aussitôt l’attraper quelques mètres plus loin. À ma droite, deux hommes se serraient la main, tels deux joueurs de billard après une bonne partie. Les colonnes de fumée s’estompaient maintenant, les stylos les ayant tracés voyageant dans la plus haute couche de l’atmosphère. Devant moi, un vieillard arrosait ses fleurs. Un autre s’était apporté une chaise de jardin, et sirotait une bière. La panique et la peur ne jouaient pas de rôles dans ce scénario surréaliste. Les enfants jouaient, les hommes conversaient entre eux comme de vieux compagnons et la température se prêtait au jeu, clémente, comme si elle tenait à participer à cet impromptu rassemblement. 
 
Mon esprit confus ne saisissait pas comment de telles réactions pouvaient être possibles, mais mon âme, elle, se remplissait du même sentiment de joie, de légèreté qui habitait mes congénères. Quelqu’un m’a tapé sur l’épaule. C’était la dame qui, parce qu’elle avait trouvé son permis de conduire dans une boite de céréales, avait cabossé le devant de mon véhicule. Je ne savais pas comment elle avait pu se rendre si vite à moi ce matin, elle qui habitait des kilomètres plus loin, mais cela ne m’a pas surpris. Sa présence, dans le passé source d’emmerdes et de fuites dans mes finances, me fit un plaisir immense. Elle me tendit la main, et alors qu’une nouvelle série de volutes blanches commençaient à strier le ciel en sens inverse, je l’ai serrée, en lui disant :  

Bon matin, Madame.
  
La rancune n’avait plus sa place alors que les champignons apparaissaient à l’horizon. Je ne voyais plus les bombes tomber, comme dans mes rêves. Des souliers tombaient à leur place, inoffensifs, absurdes en cet endroit. J’en ai ri. J’en ai pleuré. Cette journée venait de prendre tout son sens, à l’instant, et la résignation m’avait quitté complètement. Autour de moi, il en était de même pour tous. Des souliers tomberaient du ciel. Qui se soucie d’une pluie de souliers? Une poignée de main entre inconnus pouvait protéger contre une pluie de ce genre. Mes pensées ne faisaient aucun sens. J’en ai ri, et j'en ai pleuré à la fois. 
 
Parce que jamais, jamais, je n’aurais envisagé que la fin du monde puisse être aussi belle.   

Dans son élément


Je peux sentir les poils de mes bras se hérisser alors que je glisse, droit comme une flèche, jusqu’au fond du long cylindre de métal. Sa froideur est pour moi aussi confortable qu’un hamac, et quoique je devrais m’y sentir étouffé, étranglé, pris au piège dans la plus primaire des claustrophobies, je me sens dans mon élément. Entravé, mais libre. Entouré des chaînes libératrices de l’Ascendance. En contrôle, dans un univers de feu et d’acier. 
 
J’atteins la paroi inférieure de cet incongru habitacle, et tout se met en place, moi y compris. Rien ne fait plus aucun doute. Rien n’est plus important et pourtant, tout compte. Car ici, à l’intérieur même de la passion qui me permet d’avancer, de la raison qui, il y a de cela des décennies, m’a mis au monde, il n’y a ni blanc ni noir. Il n’y a que du gris, du peut-être, du chaos embouteillé.  

L’odeur de la poudre endort mes appréhensions et tranquillise ma conscience. Mes yeux, fermés pour les protéger du prochain acte, voient plus clair que jamais. Je suis l’avènement des beaux jours, le messager de l’espoir de milliers de gens, le porteur de la torche qui illumine leur vie, au moins provisoirement. Je leur apporte un peu de bien-être en emmenant vers le ciel une partie de ma sérénité. Du moins, je l’interprète ainsi, justement ou pas. C’est bientôt pour moi un nouveau départ.
 
J’entends le grattement qui signale le commencement de la plus brève, mais de la plus merveilleuse des symphonies. Une poignée de secondes me séparent de mon devoir.

J’attends...  

J’attends?  

N’est-ce pas plutôt Tout Le Reste qui m’attend? Les personnes qui sans le savoir anticipent ma venue ont mis les métaphoriques couverts sur la table du destin. Oui... je me souviens maintenant d’avoir reçu l’invitation... Je suis à la fois l’hôte et le convive.  

Nous nous attendons mutuellement, donc, moi et la flèche du temps. Elle laisse le futur à la merci de mon tracé d’Artiste.   

Je lève la tête alors que la Détonation retentit dans mes oreilles, les inondant d’une douleur bienvenue. Un puissant souffle prend naissance sous mes pieds, et je suis propulsé hors du canon. Le contraste est presque trop brusque. Du gris foncé au gris pâle, une couleur que je sais apprécier. En bas pourtant, le peuple ne voit pas sa beauté. Il n’y voit que du morose, de la tristesse. Le peuple est atteint d’un daltonisme héréditaire bizarre qui lui fait confondre mon gris et le Noir. Peu importe. Je pourfendrai le mauvais temps qu’il déteste tant, et dans mon élan, je percerai le linceul céleste pour livrer la couleur qu’il espère. Mon patron est presque aveugle, mais je me plie à ses caprices avec joie. Avec la dignité qui accompagne ma fonction.  

Je fonce toujours plus haut. Il me semble que jamais je ne serai assez haut. Malgré cela, je peux presque atteindre mon but. Le vent plaque mes vêtements contre ma peau, et je traverse l’espace à une vitesse vertigineuse, plus vite que n’importe lequel des faux oiseaux créés par l’homme. Et puis j’aperçois mon objectif. Il flotte, nonchalant, au dessus de la tête du peuple en attendant de verser sur lui sa source de vie. Ses pairs l'entourent, aussi stoïques. Je ne les hais pas personnellement, mais je sers mon patron le peuple loyalement, et je veux son bonheur. 

Soit. Je remplacerai le gris par le bleu. Je le détruirai, malgré la futilité de cette entreprise, pour que mon supérieur superficiel puisse jouir des teintes qu'il désire. Je le ferai encore plusieurs fois, autant aujourd’hui qu'en d’autres jours.  

Je ne prétends pas pouvoir éradiquer tout le gris du ciel, mais je ferai ce que je pourrai sans me plaindre. Ma place est dans un canon. Je suis né pour couper les nuages et j’adore mon métier.

Exile


Une lente métamorphose s'achève, en ce matin qui viendra remettre tout les comptes à zéro. Le temps s'arrêtera bientôt sur une heure morte qu'aucune aiguille ne pourra pointer.

Il neige sur la ville.

Dans les immeubles éteints, on se réveille pour la dernière fois, d'un sommeil proche de la mort.

Tellement proche.

Ceux qui ont accès à une fenêtre fixent l'averse imprévue. Les autres l'imaginent, et dans ces visions elle est vivante. Elle respire.

Plus vivante qu'eux.

Leur transformation est presque terminée. À l'aube de la vingt-cinquième heure, tout les coeurs deviendront artificiels.

Il neige sur la ville, et dans les rues, une armée d'enfants est en branle. L'ultime berceuse. Leur marche est inéluctable, leur jugement sans appel.

Ils viennent arrêter toutes les horloges de la métropole.

Partout, on fait le point. On creuse...on justifie. On nie. Qui sera sauvé? Sur qui les enfants poseront-ils leurs mains?

Sur qui poseront-ils leurs griffes?

Sans importance. Le grand changement est déjà completé. Un long voyage commence pour ceux qui sont devenus des machines. Les enfants sont partis avec leurs coeurs encore battants, ne laissant à la place que de vulgaires imitations.

Les âmes mécaniques se mettent en route. Il a toujours neigé dans leur ville, mais peut-être que l'endroit ou se cachent leurs coeurs sera plus clément.

Pourront-ils redevenir humains, en acceptant le poids de leur croix de métal?



Miroir, miroir...


Je n'aime pas voir tous ces gens qui sont habillés de la même façon, qui parlent des mêmes choses, qui écoutent la même musique.

Je n'aime pas voir tous ces moutons qui croient des trucs semblables, qui ont des opinions interchangeables, qui jugent à l'unison.

Je n'aime pas voir tous ces robots, pareillement affublés des mêmes accessoires débiles, de bibelots identiques et inutiles.

Non. Moi, je préfère rejetter tout ça. Je suis unique. Je nage à contre-courant. Je suis ma propre voie.

Quoi? Toi aussi?

Va chier!

Moule


L'apathie est mon excuse
L'indifférence mon inspiration

Aspiration à l'immobilité
Mouvement de l'absurde

Un coma volontaire